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La Mulette épaisse

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Qu’est ce que la Mulette épaisse ?
Nom scientifique : Unio crassus

C’est un mollusque bivalve protégé par la loi française (arrêté ministériel du 23 avril 2007) et européenne (Annexes II et IV de la Directive Habitats). Cette espèce, inscrite sur la liste rouge mondiale des espèces menacées, est classée « en danger d’extinction » par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) Europe et France. Il est strictement interdit, sauf dérogation préfectorale, de manipuler, déranger ou tuer cette espèce sur tout le territoire? français.

Observer des indices de présence

La Mulette épaisse est une espèce discrète, dont on ne soupçonnerait pas la présence dans nos cours d’eau. Les coquilles des individus morts s’échouent régulièrement sur les berges ou les têtes de radiers. De plus, les rats musqués et les ragondins s’en font un met de choix en hiver, de nombreuses coquilles sont alors laissées sur leurs réfectoires (zone où ils se nourrissent). Si vous observez des coquilles de bivalve, il faut : (1) joindre le syndicat en charge de la rivière en nous indiquant le lieu précis et (2) laisser les coquilles en place.

Morphologie

La Mulette épaisse est un bivalve d’eau douce de forme ovoïde, d’une longueur de 5 à 8 cm pour une hauteur allant jusqu’à 5 cm. La Mulette épaisse est courte et renflée, l’épiderme recouvrant les valves est verdâtre à noir. L’intérieur de la coquille, observable si la coquille est vide, présente des dents cardinales et une nacre (revêtement intérieur de la coquille) blanche.

Habitat?

La Mulette épaisse apprécie les cours d’eau présentant de faibles contraintes de cisaillement et des fortes proportions de sédiments? fins et de matière organique. Elle s’établit indifféremment dans le lit des cours d’eau. La variété des habitats est grande, car il suffit d’un peu de sédiments meubles pour retenir un individu. Cette espèce affectionne plutôt les parties basses des bassins, bien qu’en plaine, elle s’accommode des sections un peu plus en amont. L’espèce ne se trouve pratiquement qu’en faciès lentique? (zones aux courants à vitesse faible), cependant les tronçons sans courant sont inutilisables par l’espèce. Elle préférera les rivières avec une ripisylve? discontinue, un substrat allant du sable au bloc rocheux et une température moyenne de 17°C en période estivale.
Les adultes sont sédentaires, cependant une variation du niveau d’eau peut entraîner certains déplacements involontaires.

Alimentation

C’est un organisme filtreur se nourrissant des particules de matières organiques et de phytoplancton transportés par le cours d’eau. Chaque individu filtre de 79 à 98 L d’eau par jour. L’espèce contribue ainsi à la diminution de la turbidité? de l’eau, au sein de l’écosystème.

Reproduction

Plusieurs périodes de reproduction existent dans l’année, la plus importante étant d’avril à juillet. Une fois fécondée, l’individu femelle expulse entre 9 000 et 380 000 larves à chaque événement reproductif. Les glochidies (forme larvaire) vont se fixer dans le système branchial d’un poisson hôte où elles poursuivront leurs développements en tant que parasites. Quelques semaines plus tard, la larve? se détache du poisson, pour se laisser tomber sur le substrat de la rivière. Les jeunes Mulette épaisse s’enfouissent jusqu’à 15 cm de profondeur dans le lit de la rivière et y restent 3 à 4 ans, jusqu’à leur maturité sexuelle. Une fois adulte, les individus remontent à la surface du substrat.

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Sur toute la quantité de glochidies produites annuellement par une femelle, le taux de survie est inférieur à 0.01%.

La longévité de l’espèce est estimée entre 8 et 50 ans selon les populations.

Pour aller plus loin :

Fiche_Mulette_épaisse avril 2020 PDF - 3.3 Mo
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Dans cette rubrique

La Mulette épaisse a un cycle de vie particulier, nécessitant un hôte pour sa phase glochidienne. Contrairement à la Mulette perlière qui n’utilise qu’une espèce de poisson en tant qu’hôte, la Mulette épaisse a un plus large panel d’hôtes.

De plus, la Mulette épaisse n’est pas le seul bivalve vivant dans les rivières.

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A noter

En Mayenne, la présence de cette espèce est avérée sur l’Erve et sur la Vaige où elle a fait l’objet d’un travail d’inventaire en 2019.

Cette espèce est à rechercher sur la Jouanne, le Vicoin, l’Ouette et quelques affluents de la Mayenne...
La restauration? de la continuité écologique, depuis 10 ans, a favorisé le déplacement des poissons et donc la dispersion possible de ce bivalve.

Gestion de l’habitat

  • Favoriser la densité des poissons hôtes et assurer leur libre circulation.
  • Limiter l’intoduction d’espèces exotiques.
  • Éviter le recalibrage/le curage? des cours d’eau, préjudiciable à l’espèce.

Gestion de l’Espèce

  • Préserver et restaurer les populations de poissons hôtes.
  • Réaliser les travaux sur les cours d’eau à privilégier, en période de débit moyen et fort, pour atténuer les impacts liés à la mise en suspension des particules fines.
  • Éviter les travaux sur le cours d’eau en période de grand froid (car l’espèce est moins réactive pour l’enfouissement).